lundi 20 juin 2016

20/06/2016

Lundi ou la belle vie. Depuis quelques temps et en partie grâce à Maud (pas vraiment, j'avais juste envie de lui offrir quelque chose) je ne fréquente plus les supermarchés. J'ai pris conscience des méfaits de l'industrie agro-alimentaire à grande échelle sur la santé du monde depuis bien des années, mais jamais je n'avais franchi le pas, ne voyant pas vraiment d'alternative à la "grande distribution", ses florilèges de couleurs, pesticides, hormones de croissance et emballages de plastique. Il y a quelques mois, je me suis décidé à ne fréquenter plus que les magasins bio. Pourtant, ce matin, j'ai constaté que je n'avais plus d'huile d'olive. Le marché où j'ai pour habitude de me rendre étant fermé, j'ai décidé, par fainéantise, d'aller à l'infect magasin de proximité, à une centaine de mètres de chez moi.
Jamais n'ai-je connu, au cours de ma petite existence de citadin sédentaire, - j'entends par là que je n'ai fréquenté que des endroits convenablement ennuyeux, ni trop sordides ni trop beaux, juste normaux - de lieu dont émanait autant l'idée et l'odeur de la mort.
Il pleuvait d'une pluie froide et une femme dépourvue de jambe gauche, exhibant le moignon de cuisse qui lui restait afin de susciter la pitié des passants, faisait la manche en affichant une grimace  censée représenter la douleur que lui infligeait son état et sa condition.
Trois mètres plus loin, un jeune homme en tongs mendiait également. Je fus confronté deux fois à la misère alors que je n'avais pas même parcouru cent mètres.
J'avais pris le soin d'amener les bouteilles de bière vides dans un sac en toile sur lequel est écrit "i'm a wonderful mom", afin d'en récupérer l'argent des consignes.
Une fois passées les portes automatiques, je déposais les bouteilles dans la machine. Certaines étaient mal vidées, du coup le fond du sac en toile était imbibé, je le déposai donc devant la porte du magasin, en me disant que personne, jamais, ne volerait un objet aussi insignifiant, puis me dirigeai sans faire de détour, vers le rayon qui m'intéressait, m'emparait de ce que je cherchais et fonçait vers la caisse, niant le appels racoleurs d'un paquet de chips king size goût barbecue, rappel de mes années de débauche stomacale.
Les caissières.
Les caissières sont toutes laides.
Je vois de la beauté partout, je suis plutôt "ouvert d'esprit" à ce niveau là. Il m'arrive souvent même de m'amouracher de femmes marquées par la vie, ou à la beauté peu conventionnelle. Mais là-bas, elles sont toutes laides, obèses, affublées de tabliers hideux et ne cherchent plus, d'aucune manière que ce soit, à être jolies ou quoi que ce soit qui s'en approche. Leur peau est blanche, grasse et parsemée de plaques rouges et leur cheveux réussissent le tour de force d'être à la fois huileux et rêches.
Puis il y a la pire de toutes, la reine des damnés, cell qui est là depuis toujours et qui ne partira jamais, celle que même les autres trouvent abusée.
Elle est petite, tassée par la vie et les autres, sa bedaine dépasse de loin sa poitrine, elle est parfaitement flasque, son visage donne l'impression de vouloir s'enfuir vers les enfers, sa voix est nasillarde et elle est affligée de tics nerveux qui lui font secouer la tête vers la gauche toutes les dix secondes et claquer sa langue et évidemment, à chaque fois, c'est à sa caisse que je me retrouve.
A chaque fois que j'y vais, il se passe quelque chose qui fait que je dois attendre plusieurs minutes à la caisse (changement de caissière, recherche de prix, bons de réductions soigneusement découpés dans les magazines, manque de monnaie, etc...).
Les gens mangent n'importe quoi. Le femme qui fais la file juste devant moi avait déposé sur le tapis roulant six briques de crème fraîche liquide premier prix, autant de boites de bière "premium pils" (je ne par pas latin mais je pense que premium veut dire "d'extrême mauvais qualité"). et un bocal en verre contenant des saucisses style Francfort baignant dans un jus dont l'évocation même suffit à me donner des hauts-le-coeur.
Je hais cet endroit, je le perçois comme une punition.

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