jeudi 23 juin 2016

Rêve.

Une inondation, des enfants noyés jusqu'à la taille et pleurants. En face, le toit d'un maison sur lequel sont juchés d'autres enfants, hilares, qui tirent à vue sur les premiers, le visage déformé par un plaisir malsain. Un homme apathique aux yeux rougis par le vice, seul son buste dépasse du Vasistas; il tend une hache à l'une des charmantes petites têtes blondes debout dans l'eau afin qu'il mette un terme à l'agonie de l'un de ses amis. Celui-ci s'exécute.

23/06/2016

L'été immortel.

Exceptionnellement, j'exposais ma vision désabusée et onirique du monde à un public d'inconnus (néanmoins jugés comme dignes), attablé dans l'un de ces rares bar dans lequel je me sentais en confiance et alors que chacun était suffisamment éméché, sans être parfaitement soûl.
En général taciturne - voire mystérieux - je jouais sur l'effet de surprise en me livrant avec une une spontanéité feinte, alors même que j'avais tout prévu quelques heures auparavant, à l'instant où j'avais décidé de mettre le processus en marche.
J'avais passé la soirée à agir en mystérieux, plein d'esprit, avenant mais parlant en énigmes et en références obscures. Sourires timides, actions imprévisibles. L'indépendance comme étendard, afin de donner cet image d'électron libre. Rester perplexe quand on ma parle d'une chose à la mode "désolé, j'ai pas la télé...". A l'écoute et intéressé par les autres.
J'aimais à donner une image parfaitement chiadée de ma personne, celle d'un personnage vaporeux mais concis, entier de par son polymorphisme, sensuel mais prude, ascète mais avide.
J'usais du plus beau de mes vocabulaires et de la plus subtile de mes gestuelles.

J'aimais à laisser croire que toutes ces choses que je ne vis pas, je le fais par choix ou manque d'intérêt et non par appréhension.
Le tout était de laisser croire que je ne subis pas la vie mais que je l'ai modelée à mon goût.

lundi 20 juin 2016

20/06/2016

Lundi ou la belle vie. Depuis quelques temps et en partie grâce à Maud (pas vraiment, j'avais juste envie de lui offrir quelque chose) je ne fréquente plus les supermarchés. J'ai pris conscience des méfaits de l'industrie agro-alimentaire à grande échelle sur la santé du monde depuis bien des années, mais jamais je n'avais franchi le pas, ne voyant pas vraiment d'alternative à la "grande distribution", ses florilèges de couleurs, pesticides, hormones de croissance et emballages de plastique. Il y a quelques mois, je me suis décidé à ne fréquenter plus que les magasins bio. Pourtant, ce matin, j'ai constaté que je n'avais plus d'huile d'olive. Le marché où j'ai pour habitude de me rendre étant fermé, j'ai décidé, par fainéantise, d'aller à l'infect magasin de proximité, à une centaine de mètres de chez moi.
Jamais n'ai-je connu, au cours de ma petite existence de citadin sédentaire, - j'entends par là que je n'ai fréquenté que des endroits convenablement ennuyeux, ni trop sordides ni trop beaux, juste normaux - de lieu dont émanait autant l'idée et l'odeur de la mort.
Il pleuvait d'une pluie froide et une femme dépourvue de jambe gauche, exhibant le moignon de cuisse qui lui restait afin de susciter la pitié des passants, faisait la manche en affichant une grimace  censée représenter la douleur que lui infligeait son état et sa condition.
Trois mètres plus loin, un jeune homme en tongs mendiait également. Je fus confronté deux fois à la misère alors que je n'avais pas même parcouru cent mètres.
J'avais pris le soin d'amener les bouteilles de bière vides dans un sac en toile sur lequel est écrit "i'm a wonderful mom", afin d'en récupérer l'argent des consignes.
Une fois passées les portes automatiques, je déposais les bouteilles dans la machine. Certaines étaient mal vidées, du coup le fond du sac en toile était imbibé, je le déposai donc devant la porte du magasin, en me disant que personne, jamais, ne volerait un objet aussi insignifiant, puis me dirigeai sans faire de détour, vers le rayon qui m'intéressait, m'emparait de ce que je cherchais et fonçait vers la caisse, niant le appels racoleurs d'un paquet de chips king size goût barbecue, rappel de mes années de débauche stomacale.
Les caissières.
Les caissières sont toutes laides.
Je vois de la beauté partout, je suis plutôt "ouvert d'esprit" à ce niveau là. Il m'arrive souvent même de m'amouracher de femmes marquées par la vie, ou à la beauté peu conventionnelle. Mais là-bas, elles sont toutes laides, obèses, affublées de tabliers hideux et ne cherchent plus, d'aucune manière que ce soit, à être jolies ou quoi que ce soit qui s'en approche. Leur peau est blanche, grasse et parsemée de plaques rouges et leur cheveux réussissent le tour de force d'être à la fois huileux et rêches.
Puis il y a la pire de toutes, la reine des damnés, cell qui est là depuis toujours et qui ne partira jamais, celle que même les autres trouvent abusée.
Elle est petite, tassée par la vie et les autres, sa bedaine dépasse de loin sa poitrine, elle est parfaitement flasque, son visage donne l'impression de vouloir s'enfuir vers les enfers, sa voix est nasillarde et elle est affligée de tics nerveux qui lui font secouer la tête vers la gauche toutes les dix secondes et claquer sa langue et évidemment, à chaque fois, c'est à sa caisse que je me retrouve.
A chaque fois que j'y vais, il se passe quelque chose qui fait que je dois attendre plusieurs minutes à la caisse (changement de caissière, recherche de prix, bons de réductions soigneusement découpés dans les magazines, manque de monnaie, etc...).
Les gens mangent n'importe quoi. Le femme qui fais la file juste devant moi avait déposé sur le tapis roulant six briques de crème fraîche liquide premier prix, autant de boites de bière "premium pils" (je ne par pas latin mais je pense que premium veut dire "d'extrême mauvais qualité"). et un bocal en verre contenant des saucisses style Francfort baignant dans un jus dont l'évocation même suffit à me donner des hauts-le-coeur.
Je hais cet endroit, je le perçois comme une punition.

mercredi 15 juin 2016

15/06/2016

Moi je ne fais rien. Mon cerveau se vide et l'angoisse me prend. Les choses les plus simples, comme aller manger dans la cuisine ou même jusqu'aux toilettes deviennent un chemin de croix. Pourtant ce ne sont pas les désirs, d'accomplissement de soi ou de volupté qui manquent. Je méprise et me sens méprisé de tous et c'est là la source du problème. Mon problème est l'être humain, ce qu'il est et ce qu'il n'est pas. Ce que j'aurais aimé qu'il soit et parfois quand je ferme yeux, j'imagine les plus beaux spécimens de cette espèce malade égorgés, le sang jaillissant sur leurs costumes d'excellente facture.
J'ai cherché mais n'ai rien trouvé qui ne vale la peine d'être vécu, ni l'amour ni la mauvaise foi. j'idéalise un passé qui n'a pas existé, peut-être, n'empêche que la vie aujourd'hui a l'onirisme d'un Boursin ail et fines herbes alors j'aimerais pousser une cri, déclamer une ode au raffinement, ou du moins à la définition erronée que j'en ai. Je dors beaucoup trop, je vis en dehors du temps, j'ai l'onanisme acharné. Je suis un enfant de trente-deux ans (et demi). J'ai encore perdu mon travail, j'ai besoin de sous. J'aimerais parfois ne pas avoir de libido, ne pas avoir mal au ventre et au dos.