lundi 1 août 2016

Insectes

Le plus effrayant est lorsque les insectes s'en mêlent. Pas les jolis insectes bariolés qui volettent au-dessus de nos têtes, mais ceux qui rampent dans les caves et les garages, ceux qui grouillent sous les rochers. La littérature ne m'aide que peu, la terreur est sous-jacente et quoi qu'en disent les autres, je suis victime d'une injustice. Pourquoi vois-je des enfants déchiquetés lorsque je ferme les yeux ?Pourquoi les rares instants de joie et de bien-être sont-ils gâchés par un imagerie morbide et purulente ?
Ils tentent de me faire croire que la vie est régie par des algorithmes, qu'elle est déterministe, que pour telle action se produira telle réaction mais ce ne sont que des conneries et si demain je décide enfin de me bouger, à terme, je ne verrai rien d'autre que les mêmes cadavres poisseux joncher le sol de mes rêves. J'aurais des sous oui, mais cela n'arrêtera en rien l'inéluctable et lorsqu'ils me disent que tout ira mieux, tout n'ira pas mieux, nous crèverons à cause d'une décision prise par un sociopathe en costume, beaux et dignes mais nos orbites paisiblement dévorées par une colonie de vers. J'ai envie de mourir, soudainement, abruptement, mes chairs exposées à la poussière. la peur terrible. Une horde de petites araignées cheminant sur mes organes et s'immisçant à l'intérieur de ma carcasse. Un couteau dans la gorge. Une pulvérisation. Est-il vraiment rassurant de voir que tout le monde souffre ? La souffrance n'unit pas les gens. A la moindre éventualité de mieux, les rats quittent le navire et se repaissent du foutre de leur tortionnaire.

samedi 23 juillet 2016

Tas de merde

Quand je ferme les yeux je vois mes vertèbres, poreuses, s’entrechoquer, se frictionner et se désagréger lentement en miettes d’un calcaire poisseux. L’acidité forme un spirale sous la peau de mon thorax, de la couleur jaunâtre du pus. La vie est détestable comme un correcteur orthographique. Ne pas choisir le chemin de la joie, mais celui de la jouissance, de la désagrégation lente, de la peur et de la couardise, de la décomposition, des vers et de la terre dans la bouche et dans les poumons. Des douleurs sourdes, du corps usé par l’angoisse, la malnutrition et les mauvaises postures. Choisir le chemin de la haine et de la frustration, des clichés, des à-priori, des stéréotypes. Ramper, se masturber. Piétiner les coeurs et répandre son sperme sur leur agonie. Contempler le foutre s’immiscer dans les interstices, être absorbé par les dernières palpitations. Aimer maladivement, puis mépriser à la seconde où l’amour est retourné. Susciter l’intérêt, être un réceptacle, laisser les autres placer espoir en moi et tout détruire avec méchanceté et mépris. Un seul regard, condensé de haine. Faire souffrir. Faire souffrir. Ne pas se nourrir, ne pas boire, ne pas se laver, ne pas se délecter des rares rayons de soleil ni de liesse. Compliquer les joies simples jusqu’à les rendre effrayantes. Le mal-être, gâcher, bousiller, détruire la plénitude des autres. Aborder des sujets pesants quand ils s’embrassent, rire quand ils pleurent, pleurer quand ils rient et tout détruire sur mon passage. Casser, vandaliser, violer l’intimité. Mettre un terme à toute ascension, toute ascension de tout type. Avoir sans cesse une gêne, une canine de rat plantée dans la gorge, une plaie ouverte qu’on gratte, des entailles, être enrobé de cellophane sous une chaleur étouffante, avoir des vêtements mouillés quand il fait terriblement froid, avoir les testicules comprimés, les ongles arrachés. Ne pas pleurer, jamais, mais vomir de la bile, vomir sans n’avoir rien à vomir. Se pendre. 


Tout cela par jalousie.

jeudi 23 juin 2016

Rêve.

Une inondation, des enfants noyés jusqu'à la taille et pleurants. En face, le toit d'un maison sur lequel sont juchés d'autres enfants, hilares, qui tirent à vue sur les premiers, le visage déformé par un plaisir malsain. Un homme apathique aux yeux rougis par le vice, seul son buste dépasse du Vasistas; il tend une hache à l'une des charmantes petites têtes blondes debout dans l'eau afin qu'il mette un terme à l'agonie de l'un de ses amis. Celui-ci s'exécute.

23/06/2016

L'été immortel.

Exceptionnellement, j'exposais ma vision désabusée et onirique du monde à un public d'inconnus (néanmoins jugés comme dignes), attablé dans l'un de ces rares bar dans lequel je me sentais en confiance et alors que chacun était suffisamment éméché, sans être parfaitement soûl.
En général taciturne - voire mystérieux - je jouais sur l'effet de surprise en me livrant avec une une spontanéité feinte, alors même que j'avais tout prévu quelques heures auparavant, à l'instant où j'avais décidé de mettre le processus en marche.
J'avais passé la soirée à agir en mystérieux, plein d'esprit, avenant mais parlant en énigmes et en références obscures. Sourires timides, actions imprévisibles. L'indépendance comme étendard, afin de donner cet image d'électron libre. Rester perplexe quand on ma parle d'une chose à la mode "désolé, j'ai pas la télé...". A l'écoute et intéressé par les autres.
J'aimais à donner une image parfaitement chiadée de ma personne, celle d'un personnage vaporeux mais concis, entier de par son polymorphisme, sensuel mais prude, ascète mais avide.
J'usais du plus beau de mes vocabulaires et de la plus subtile de mes gestuelles.

J'aimais à laisser croire que toutes ces choses que je ne vis pas, je le fais par choix ou manque d'intérêt et non par appréhension.
Le tout était de laisser croire que je ne subis pas la vie mais que je l'ai modelée à mon goût.

lundi 20 juin 2016

20/06/2016

Lundi ou la belle vie. Depuis quelques temps et en partie grâce à Maud (pas vraiment, j'avais juste envie de lui offrir quelque chose) je ne fréquente plus les supermarchés. J'ai pris conscience des méfaits de l'industrie agro-alimentaire à grande échelle sur la santé du monde depuis bien des années, mais jamais je n'avais franchi le pas, ne voyant pas vraiment d'alternative à la "grande distribution", ses florilèges de couleurs, pesticides, hormones de croissance et emballages de plastique. Il y a quelques mois, je me suis décidé à ne fréquenter plus que les magasins bio. Pourtant, ce matin, j'ai constaté que je n'avais plus d'huile d'olive. Le marché où j'ai pour habitude de me rendre étant fermé, j'ai décidé, par fainéantise, d'aller à l'infect magasin de proximité, à une centaine de mètres de chez moi.
Jamais n'ai-je connu, au cours de ma petite existence de citadin sédentaire, - j'entends par là que je n'ai fréquenté que des endroits convenablement ennuyeux, ni trop sordides ni trop beaux, juste normaux - de lieu dont émanait autant l'idée et l'odeur de la mort.
Il pleuvait d'une pluie froide et une femme dépourvue de jambe gauche, exhibant le moignon de cuisse qui lui restait afin de susciter la pitié des passants, faisait la manche en affichant une grimace  censée représenter la douleur que lui infligeait son état et sa condition.
Trois mètres plus loin, un jeune homme en tongs mendiait également. Je fus confronté deux fois à la misère alors que je n'avais pas même parcouru cent mètres.
J'avais pris le soin d'amener les bouteilles de bière vides dans un sac en toile sur lequel est écrit "i'm a wonderful mom", afin d'en récupérer l'argent des consignes.
Une fois passées les portes automatiques, je déposais les bouteilles dans la machine. Certaines étaient mal vidées, du coup le fond du sac en toile était imbibé, je le déposai donc devant la porte du magasin, en me disant que personne, jamais, ne volerait un objet aussi insignifiant, puis me dirigeai sans faire de détour, vers le rayon qui m'intéressait, m'emparait de ce que je cherchais et fonçait vers la caisse, niant le appels racoleurs d'un paquet de chips king size goût barbecue, rappel de mes années de débauche stomacale.
Les caissières.
Les caissières sont toutes laides.
Je vois de la beauté partout, je suis plutôt "ouvert d'esprit" à ce niveau là. Il m'arrive souvent même de m'amouracher de femmes marquées par la vie, ou à la beauté peu conventionnelle. Mais là-bas, elles sont toutes laides, obèses, affublées de tabliers hideux et ne cherchent plus, d'aucune manière que ce soit, à être jolies ou quoi que ce soit qui s'en approche. Leur peau est blanche, grasse et parsemée de plaques rouges et leur cheveux réussissent le tour de force d'être à la fois huileux et rêches.
Puis il y a la pire de toutes, la reine des damnés, cell qui est là depuis toujours et qui ne partira jamais, celle que même les autres trouvent abusée.
Elle est petite, tassée par la vie et les autres, sa bedaine dépasse de loin sa poitrine, elle est parfaitement flasque, son visage donne l'impression de vouloir s'enfuir vers les enfers, sa voix est nasillarde et elle est affligée de tics nerveux qui lui font secouer la tête vers la gauche toutes les dix secondes et claquer sa langue et évidemment, à chaque fois, c'est à sa caisse que je me retrouve.
A chaque fois que j'y vais, il se passe quelque chose qui fait que je dois attendre plusieurs minutes à la caisse (changement de caissière, recherche de prix, bons de réductions soigneusement découpés dans les magazines, manque de monnaie, etc...).
Les gens mangent n'importe quoi. Le femme qui fais la file juste devant moi avait déposé sur le tapis roulant six briques de crème fraîche liquide premier prix, autant de boites de bière "premium pils" (je ne par pas latin mais je pense que premium veut dire "d'extrême mauvais qualité"). et un bocal en verre contenant des saucisses style Francfort baignant dans un jus dont l'évocation même suffit à me donner des hauts-le-coeur.
Je hais cet endroit, je le perçois comme une punition.

mercredi 15 juin 2016

15/06/2016

Moi je ne fais rien. Mon cerveau se vide et l'angoisse me prend. Les choses les plus simples, comme aller manger dans la cuisine ou même jusqu'aux toilettes deviennent un chemin de croix. Pourtant ce ne sont pas les désirs, d'accomplissement de soi ou de volupté qui manquent. Je méprise et me sens méprisé de tous et c'est là la source du problème. Mon problème est l'être humain, ce qu'il est et ce qu'il n'est pas. Ce que j'aurais aimé qu'il soit et parfois quand je ferme yeux, j'imagine les plus beaux spécimens de cette espèce malade égorgés, le sang jaillissant sur leurs costumes d'excellente facture.
J'ai cherché mais n'ai rien trouvé qui ne vale la peine d'être vécu, ni l'amour ni la mauvaise foi. j'idéalise un passé qui n'a pas existé, peut-être, n'empêche que la vie aujourd'hui a l'onirisme d'un Boursin ail et fines herbes alors j'aimerais pousser une cri, déclamer une ode au raffinement, ou du moins à la définition erronée que j'en ai. Je dors beaucoup trop, je vis en dehors du temps, j'ai l'onanisme acharné. Je suis un enfant de trente-deux ans (et demi). J'ai encore perdu mon travail, j'ai besoin de sous. J'aimerais parfois ne pas avoir de libido, ne pas avoir mal au ventre et au dos.